CEDES

Le secret des femmes par Elisa Brune

L'actualité du 13 septembre 2010

Quatrième de couverture et extrait sur le massage tantrique

Le septième ciel est ouvert à tous, encore faut-il trouver le chemin qui y conduit. À cet égard, les femmes ont un accès moins immédiat que les hommes, bien qu'elles aient de plus vastes potentialités. Émaillée de doutes, de questions, de tentatives, de blocages, de découvertes, leur vie sexuelle est évolutive, multiforme et illimitée.

Pour les aider dans cette aventure, nul ne peut leur fournir un parcours fléché, mais des repères, oui.

Aujourd'hui, grâce aux études qui commencent à se multiplier, on en sait enfin un peu plus sur l'orgasme féminin. Sur le point G. Sur l'orgasme multiple. Sur l'éjaculation féminine. Sur le cerveau en extase. Sur l'incroyable anatomie du clitoris.

Cet ouvrage procède en deux temps. D'abord un panorama des connaissances objectives. Que nous ont appris les recherches scientifiques? Comment fonctionne la mystérieuse physiologie du plaisir? Puis une plongée dans l'expérience subjective. Que ressentent les femmes? Comment découvrent-elles le plaisir? Comment apprennent-elles à l'épanouir?


Extrait sur le massage tantrique:

Thierry (alias Enzo), à fleur de peau

La porte s'ouvre sur un escalier en marbre dont chaque marche est bordée de deux bougies. Une musique douce règne dès le hall d'entrée. On a l'impression d'aborder sur une île protégée du vent. Enzo m'accueille en haut des marches et me souhaite la bienvenue. Cynthia ne m'a pas menti, il est beau comme un top model, mais il semble presque timide, et d'une sensibilité de jeune fille. Il m'invite à prendre une douche puis à m'installer nue sur le grand futon et à l'attendre. Je m'exécute, un peu grisée par la situation. Ce n'est pas ma grand-mère qui serait venue s'installer nue sur le futon d'un parfait inconnu. Vive le progrès! Je suis quand même un peu gênée d'une nudité aussi frontale et j'ai envie de mettre mes bras en corbeille sur mon corps, mais je me l'interdis. Si je viens ici, ce serait idiot de le faire à reculons. Plongeons. Enzo entre avec un petit plateau portant divers ustensiles. Il est parfaitement nu lui aussi. Il s'agenouille à mes côtés et dispose son matériel puis me demande de me retourner. On va commencer par le dos. Bonne idée. Avec le dos, on se sent tout de suite plus tranquille, c'est un peu comme si on n'était pas là. Je tourne la tête de l'autre côté et je le laisse préparer ses fioles, craquer une allumette. Un moment de silence. Puis un doigt fait contact près de la nuque. Un autre près du coccyx. Rien que ça, et il m'a déjà bien en main. Quelle sensation! Comme s'il demandait à ma peau de se mettre sur « on ». Ma peau est d'accord. Il retire ses doigts et je me sens déjà transformée. Toute ouverte à ce qui va suivre. Positivement intéressée. Il saisit quelque chose, puis je sens se répandre le long de ma colonne une longue traînée chaude. Il a chauffé l'huile avant de l'utiliser. Un océan de bien-être. Ses mains étalent le liquide en gestes amples et légers. Chacun éveille une traînée de sensations lumineuses. Mon dos se met à exister à part entière. J'ignorais qu'il y avait tant de choses à sentir par là. Plus Enzo avance, plus je comprends qu'on est et qu'on restera entièrement dans le registre de la caresse. Rien à voir avec un massage. Ces pratiques vigoureuses où on vous pétrit les muscles ont l'air préhistoriques à côté de ceci. Enzo ne masse pas, il appelle la peau à l'épanouissement. Ça ondule, ça stridule, ça frissonne, ça pétille de partout. Quand il a fini le dos et les bras, il s'attarde tranquillement sur les fesses, endroit déjà sensible quand on ne s'en occupe pas, mais alors quand on s'en occupe... j'en mordrais l'oreiller si j'osais. L'arrière des cuisses et le creux des genoux sont des endroits d'un potentiel immense. Les gerbes de sensations fusent en étincelles jusqu'à la tête. Tout l'arrière du corps est maintenant complètement éveillé et parcouru de fins frissons. C'est le moment pour Enzo de venir lui parler avec son corps entier. Il se couche sur moi, mais sans s'appuyer, non surtout pas de pression, un simple contact, qui va devenir glissant, de plus en plus glissant, mobile, subtil. Il entame de longues séries de va-et-vient depuis très bas en-dessous des fesses, jusqu'à venir mourir avec son souffle dans mon oreille. Il m'est impossible de retenir un gémissement. Enzo est tout simplement en train de me faire grimper aux murs. Je sens dans son corps une attention très précise à ce qui se passe dans le mien. Il ajuste ses gestes en fonction des réponses qu'il devine. Il ne s'agit pas de massage, et il ne s'agit pas d'un trip solitaire non plus. Nous sommes tous les deux actifs, tous les deux présents à l'autre, mais dans le but général de développer mon plaisir à moi. Difficile de rêver mieux. Une recherche à deux pour le plaisir de l'un des deux, ça devrait être comme ça l'amour, non?, en alternant régulièrement bien entendu. Chacun voulant donner du plaisir à l'autre au même moment, ça ne mène pas très loin. Soit on donne, soit on reçoit, ce sont deux états différents, quoique également actifs. Là, je reçois avec une intensité maximale les caresses infiniment précises d'Enzo, qui lui viennent de toute son expérience accumulée et du désir absolu de faire vibrer les femmes qui viennent s'allonger chez lui, qui qu'elles soient, de n'importe quel âge, de n'importe quel physique, de n'importe quelle origine ou opinion. Il noue un dialogue de corps à corps. Plus précisément encore de peau à peau. Il me demande maintenant de me retourner. Je suis complètement exposée à nouveau et cela ne me cause plus la moindre gêne. Est-ce qu'un violon serait gêné d'être regardé sous toutes les coutures par le musicien qui va le faire produire ses plus belles notes? Enzo vient se placer derrière ma tête. Il s'occupe de mon cuir chevelu. J'ai toujours adoré donner ma tête au shampoing chez le coiffeur. Des gestes doux et fermes de ce côté donnent l'impression la plus enivrante que je connaisse d'être « prise en main ». Puis j'ai eu un amant qui me gratouillait distraitement comme un chat et qui m'avait fait prendre ce geste en horreur. Mais Enzo est présent dans chacun de ses gestes. Il pose les doigts et appuie. Se retire. Repose ailleurs. Frictionne lentement avec la pression juste, celle qui induit l'ivresse. Je pars en voyage dans ses mains. C'est un moment d'extase. Puis le visage, un pur moment de bonheur, et une révélation. Le visage est une part très intime de la personne, peut-être plus encore que les organes sexuels. De qui supporte-t-on qu'il mette sa main sur notre figure? Si on ose des caresses de ce côté, elles sont plutôt rares, hésitantes, maladroites. Enzo, avec précision et douceur, aborde chaque portion du visage d'une façon différente, avec le geste qui convient et qui donne envie de tendre la tête en murmurant « encore ». Même les yeux ont envie d'être caressés, les sourcils, les ailes du nez, les lèvres... ah les lèvres! Et les oreilles, je n'ose même pas en parler, car les oreilles, eh bien... c'est comme un vagin en réduction. Il suffit de s'en approcher pour déclencher la révolution. D'ailleurs, je n'arrive plus à contenir mon plaisir dans des soupirs convenables. Je pousse des gémissements, des jappements, mes membres se tendent, j'ouvre la bouche en grand. Enzo, tu vas me rendre si chaude que je serais prête à faire l'amour avec un tabouret. Une pression tendre et prolongée sur le front m'apprend qu'il va quitter cette extrémité de mon corps, ce jardin aux mille délices. Il se poste maintenant à mes pieds et recommence à s'occuper de mes jambes, de bas en haut. L'huile chaude rend le contact d'une fluidité absolue. Puis les bras et les mains. Ah, le creux des coudes! Ah les mains! Le contact plein d'une main avec l'autre, sans emprise et sans hésitation. Se faire explorer la paume. Se faire prendre un doigt à la fois. Des mains, Enzo remonte aux bras. Des bras aux épaules. Des épaules aux seins. Il les caresse avec douceur. J'ai envie de dire avec amour. On dirait même avec désir. Ou alors, c'est mon désir qui m'occupe l'esprit. D'être caressée si bien sur la pointe des seins, je sens le désir qui se tend immédiatement comme une corde. Mon bassin bascule comme par réflexe, mes muscles se serrent, j'ai faim. Enzo s'attarde sur mon ventre. Chaque zone qu'il touche a l'air de se multiplier. Il utilise tout pour palper: la pulpe des doigts ou le bout pointu, le plat de la main ou la tranche, le poing fermé ou le dos lisse. Le répertoire paraît sans limite. La peau de mon ventre n'a jamais connu le dixième des sensations qu'il reçoit aujourd'hui. C'est comme une sonate qui se déploie là où j'ai toujours entendu des comptines enfantines. C'est donc vrai qu'on peut apprendre à caresser comme on apprend à skier. Jusqu'ici, j'ai skié avec des débutants. Je suis une débutante moi-même. Pourquoi est-ce qu'au ski on continue à progresser et qu'au lit on s'arrête? Si seulement Enzo pouvait donner des cours aux autres hommes... Il est en train de faire chanter l'intérieur de mes cuisses. Les frissons vont partout, s'enquillent autour de mes seins toujours dressés comme si c'était des anneaux lancés pour accrocher un pieu. Enzo effleure mon sexe un peu plus souvent que par hasard, et à chaque contact une gerbe d'étincelles jaillit. A l'intérieur, mon vagin s'étire comme un fauve au réveil. Les caresses vont maintenant des cuisses au ventre, et du ventre aux cuisses, avec un doigt qui commence à s'insinuer dans la fente, légèrement, en passant. Mon pubis, irrésistiblement, se tend. Mon sexe est une terre assoiffée, un oisillon dans son nid qui ouvre le bec à tous les dons du ciel qu'Enzo voudra bien me prodiguer. A chaque voyage, il entre un peu plus dans mon passage. Le doigt ouvre les lèvres, rencontre la vulve, effleure ses ailes, survole le bouton. Il est comme une force de gravitation qui agit vers le haut. Tout ce qui habite mon ventre se tourne vers lui. J'ouvre légèrement les jambes pour lui donner davantage de liberté de mouvement. Il s'installe à son aise, écarte les lèvres pour reconnaître les lieux, explore l'un et l'autre côté de la fente, aborde la couronne de chair qui borde l'orifice, puis revient tout en haut pour poser des questions au bouton. Il tourne tout autour à petits gestes lents, sans pression. Immédiatement l'arc commence à se tendre dans mon corps. Je sens déjà venir le moment où pointera la flèche. La respiration accélère, le pubis monte, les jambes s'écartent davantage Alors Enzo sent que je suis prête pour aller jusqu'au bout du voyage. Il s'assied entre mes jambes, en tailleur, et me demande de me rapprocher de lui en me relevant sur mes coudes. Il saisit mes hanches et les soulève pour poser mon bassin sur ses jambes. J'entoure sa taille de mes jambes écartées. Mon pubis lui est offert comme sur un présentoir. Il plonge son regard dans ma fente, puis le bout des doigts, avec une délicatesse extrême. Jamais aucun homme ne m'a regardée comme ça. Aussi pleinement avec les yeux, aussi finement avec les doigts. Je lève les bras derrière la tête et je me laisse aller totalement. Qu'il fasse de moi tout ce qu'il veut. Ses doigts légèrement huilés travaillent comme au point de croix. Une multitude de contacts uniques, sur toute la face interne des grandes lèvres, sur les petites lèvres, autour du clitoris, au-dessus du capuchon, puis tout autour de l'orifice. Dès qu'il s'en approche, la sensibilité monte de façon extrême, comme l'attraction à l'approche d'un trou noir. Puis il retourne dans la longueur des lèvres. J'ai l'impression que ma vulve est devenue immense. Il y a de la place pour cent mille sensations. Après les points appliqués, il imprime de petites sensations tournantes, des mouvements pas plus grands que s'il caressait la tête d'un petit pois. Puis de tout petits frottements sans pression qui écartent les bords de la fente et les remettent en place. Il a maintenant éveillé la vie qui se trouvait tapie dans tous les replis cachés de la chair humectée. Mon sexe est une fleur qui vient de fleurir et qui demande à ce qu'on vienne lui prendre ce qu'elle a. Je sens qu'il écarte et remonte le haut des lèvres avec les doigts d'une main pour dégager mon clitoris. Le capuchon recule et laisse la toute petite chose affleurer à l'air libre. L'autre main va lui donner des émotions. Avec un peu d'huile sur le bout des doigts, il entreprend de flatter cette perle qui ne pense plus qu'à grossir pour lui, l'abordant par tous les angles, mais en lui effleurant à peine la tête. Puis il imprime des glissements longs et sans pression sur l'organe se tend vers lui à n'en plus finir. Je ne suis plus très loin de jouir, mais je me demande vraiment si je vais arriver à me lâcher ici, avec quelqu'un que je vois pour la première fois aujourd'hui. La main qui écartait mes lèvres se retire. Elle descend vers l'entrée du vagin. Un doigt caresse les bords puis entame une légère pénétration. Très douce, peu profonde. C'est comme un turbo qui s'ajoute au moteur. Je ne me demande plus si je vais pouvoir jouir. Je me demande si je vais pouvoir attendre encore un peu. Le doigt augmente lentement l'ampleur et la vitesse des pénétrations. Je suis entrée dans l'ascenseur. La porte s'est refermée. La montée est inéluctable. Je voudrais juste la ralentir pour mieux en profiter. J'essaie de respirer. Je regarde Enzo. A la fois très concentré et détendu. Les deux mains précisément occupées comme s'il jouait du piano. On sent qu'il cherche la plus belle note. Le doigt coulisse doucement jusqu'à pénétrer à fond. Puis il arrête ses mouvements de va et vient, et se met à frapper à la porte, sur la paroi du vagin. Il frappe, ou il frotte, ou il pédale, je ne peux pas sentir exactement ce qu'il me fait, mais je sens ce que ça me fait, l'ascenseur monte dans des proportions qui m'étaient inconnues jusqu'ici, comme si j'étais soudain transportée dans un building de 100 étages et non 50. Il accélère et accentue le mouvement intérieur, tout en maintenant la prise sur le bouton; l'accélération est effrayante. La pression interne fait monter en moi comme une très grande et irrépressible envie d'uriner, j'ai un moment de panique, mais c'est trop fort, impossible à réprimer, l'ascenseur monte, monte, monte comme s'il n'allait plus jamais s'arrêter et j'entends sortir un grand cri, je ne sais même pas d'où il vient, mais c'est ma voix, tandis que l'orgasme éclate en même temps qu'une giclée de liquide qui m'inonde de chaleur. L'intensité est inouïe, et d'une amplitude qui emporte toutes les parties de mon corps dans l'explosion. Après le cri, mon plaisir gronde en saccades qui deviennent rapidement des sanglots. Je pleure sans pouvoir m'arrêter et sans savoir pourquoi. L'émotion est trop grande pour mon petit corps. Je ressens un bonheur absolu, très pur, sans cause, juste un bonheur qui occupe tout mon être, physique et mental. Quand j'ouvre les yeux, je vois qu'Enzo pleure aussi, tout doucement, en silence. Il s'allonge sur moi et nous nous regardons. Nous avons partagé de l'amour. Pas un amour entre lui et moi en tant que personnes, avec des causes et des projets. Un amour instantané, universel, passant par lui et moi en tant qu'êtres humains. Il pose sa joue près de la mienne et je le serre dans mes bras. Je lui dis merci. Il me dit merci.

Cet homme reçoit dix à vingt femmes par semaine. C'est un expert, un thérapeute, un masseur tantrique, il fait du bien, et il le fait bien.