CEDES

Quand des musulmanes parlent sexe

L'actualité du 12 janvier 2010

Paroles sans tabou

«Leur parole ne se veut pas représentative mais elle est vraie», précise le préambule. Sur plus de cent femmes rencontrées, seules huit ont accepté de parler. On ne saura rien de celles qui passent ici en revue différents thèmes liés au sexe. Ni leur âge, ni même leur prénom. Juste qu'elles sont «d'origine arabo-musulmane». Certaines témoignent dans l'ombre. Quelquefois, la caméra ne filme que leur menton. Elles nous livrent des bribes parfois très intimes de leur histoire. Sophia Ent en tutoie beaucoup. Les bouscule un peu. Semble même s'énerver. Quand l'une d'elles dit que son mariage, à 16 ans, c'était une «affaire de famille, pas une affaire personnelle», la journaliste hurle presque : «Mais pourquoi ? [...] Mais c'est écrit où, ça ?»

Hélas pour le téléspectateur, il n'y a que ses questions et leurs réponses. Toutes racontent le tabou de la sexualité, l'obsession de la virginité, le plaisir hors champ. L'une d'elle s'avouera «marquée longuement» par le fait que sa mère ait procédé, «sans prendre de gants», au contrôle de son pucelage. Une autre, dont le père était imam, raconte qu'il savait parfaitement qu'elle avait une relation avec un garçon avant le mariage, qu'il lui disait que l'islam était très respectueux de la femme. Pour elle, c'était sa mère le problème, «la gardienne de la tradition».

Il y a également celle qui n'a découvert son mari qu'au soir de sa nuit de noces ou encore telle autre qui, très tôt, a su qu'elle préférerait «crever dans le désert de soif et que les chacals la bouffent mais on ne l'aurait pas de cette façon-là». De tout cela, on retient une idée de «viol légal», «avec la bénédiction de toute la famille, de la société».

8/2/2005 libération / MARTIN Marie-Hélène

 

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