CEDES

Sexualité et cancer Lever les tabous

L'actualité du 10 novembre 2009

Chacun a le droit à une sexualité épanouie. Seulement, il arrive que certaines choses de la vie interfèrent avec celle-ci et la rende moins accessible. Surmonter les difficultés et tendre à retrouver des relations sexuelles harmonieuses lorsque l'on souffre d'un cancer n'est pas chose évidente. Guérir n'est pas tout, il faut pouvoir retrouver sa vie. A cet effet, un congrès sur la sexualité des personnes souffrant de cancer a eu lieu à Strasbourg les jeudi 20 et vendredi 21 décembre 2007. Cet évènement a mis en avant les complications sexuelles que peut apporter un cancer, tant au malade qu'à la personne partageant sa vie. Car il s'avère qu'une personne atteinte de cette maladie peut voir sa sexualité modifiée, voire réduite à néant. Certains cancers comme celui du sein, du col de l'utérus, des ovaires pour les femmes ou de la prostate, de la vésicule et des testicules pour les hommes sont à l'origine de la dégradation de la vie sexuelle des patients.

Les traitements, radiothérapie (traitement local de la tumeur par rayons ionisants), hormonothérapie (traitement hormonal pour certains cancers comme celui du sein) ou chimiothérapie (traitement général du cancer à l'aide de médicaments), peuvent également diminuer les envies sexuelles des patients ou de leurs partenaires. Les causes citées sont multiples allant de la crainte de blesser ou d'avoir mal à une fatigue extrême.

La chimiothérapie elle-même provoque parfois une irritation des muqueuses qui peut rendre les rapports sexuels douloureux. Souvent accompagnée de nausées et de vomissements, elle peut être l'effet déclencheur d'une baisse de libido pour le patient. Le partenaire peut également ressentir une baisse de désir due à l'anxiété, à la peur de faire mal, au stress ou à la tristesse. Les modifications physiques (ablation d'un sein, chute de cheveux) peuvent également être un facteur déclencheur. La confiance en soi est anéantie, la maladie engendrant souvent une baisse de l'estime de soi. Les femmes craignent de ne plus être désirables, les hommes eux, de ne plus être performants. Or selon une étude, sur 100 patients, seulement la moitié révèlent avoir parlé de ses problèmes à son conjoint. Seulement 14% en ont parlé à un soignant.

A cet effet, ce congrès a conclu à la nécessité de lever les tabous sur cette question, notamment en améliorant l'écoute des patients. Les chiffres parlent d'eux-mêmes et sont consternants : sur 100 patients atteints de cancer, environ 75% souffrent de problèmes sexuels une fois leurs traitements terminés, selon des spécialistes intervenus lors du Congrès de la Société Française de Psycho-oncologie qui a réuni 650 participants multidisciplinaires : médecins, psychiatres, psychologues, infirmières, sociologues, anthropologues.

Il paraît donc important qu'une formation théorique et pratique des soignants soit mise en place. Grâce à des stages, des ateliers ou des jeux de rôle, ils pourraient ainsi apprendre à dédramatiser les relations patient-soignant.

Des moyens existent pour remédier aux difficultés rencontrées lors des ébats tels que le lubrifiant ou le viagra. La chirurgie réparatrice (prothèses mammaires, testiculaires ou reconstruction de vessie) peut aussi faire des miracles et aider les patients à se sentir mieux dans leur peau. Mais rien de remplace la communication qui, surtout dans un cas tel que celui d'une maladie, est primordiale. Soutenir, informer le patient sont les maitres mots de l'équipe médicale. Le conjoint joue aussi un rôle très important. Se livrer au maximum, lui parler de ses craintes peut permettre de ne pas laisser s'installer un sentiment d'incompréhension qui pourrait perdurer. Si besoin, consulter, seul(e) ou en couple, un psychologue ou un sexologue peut aider à s'adapter aux changements que cette maladie a engendré.

Souvent écartée, la sexualité des patients atteints d'un cancer est davantage prise en compte aujourd'hui. Certains partenaires ont peur d'attraper le cancer pendant leurs relations sexuelles. Les personnes souffrantes croient que le sexe n'est plus pour eux, de peur de "réveiller" le cancer. Cette prise de conscience permettra peut-être de faire taire les aprioris et les peurs irrationnelles qui peuvent encore exister. C'est à cet effet que ce 24ème Congrès de la Société Française de Psycho-oncologie a connu une certaine évolution dans son organisation. Les ateliers organisés autour de la thématique "Sexualité et cancer" ont été dirigés par des experts. Leur objectif : clarifier, approfondir et perfectionner les connaissances et surtout favoriser les échanges entre les personnes. Il fut le premier de cette importance en France.

Le site de l'institut National du Cancer est à votre disposition pour de plus amples informations sur les avancées médicales, et pour d'éventuelles questions, il existe Cancer Info Service au 0810 810 821. Sans oublier de rappeler qu'il est important de faire des dépistages réguliers avec un médecin surtout si il y a des antécédents dans la famille. Le cancer est un drame pour la personne touchée comme pour son entourage. Il est difficile de réaliser qu'il puisse perturber la vie quotidienne jusqu'au plus profond de l'intimité.

 

Références : Roomantic - la sexualité au féminin